Le printemps est là, et bien là, trop beau, trop chaud. Le muguet a fleuri au 15 avril !
(C’est une petite abeille sauvage qui le butine)
Un ancien agriculteur du village nous dit avoir déjà vu des printemps précoces mais jamais autant que cette fois.
Il fait aussi beaucoup trop sec sur notre gâtine tourangelle, les abeilles en sont réduites à revenir boire à l’abreuvoir des poules.
L’année dernière, la récolte de fourrage avait déjà été inférieure de 50 % à la normale, cela risque d’être pire cette année. Pour nos ânes, trop bichonnés, ce n’est pas grave s’ils perdent un peu de leur surcharge pondérale, mais pour les éleveurs de la région cela pourrait devenir problématique.
Les premiers essaims sont aussi partis plus tôt que d’habitude.
La façon la plus simple de les récupérer est de leur proposer des ruchettes accueillantes pour qu’ils viennent s’y installer au lieu de se perdre dans la nature (taux de survie pratiquement nulle) ou d’aller importuner le voisinage.
Nous avons la chance d’avoir des voisins qui comprennent qu’à la campagne c’est normal que les coqs chantent, que les ânes braient et que les abeilles essaiment. Mais on sait qu’un essaim qui vient se loger dans une cheminée ou sous une toiture peut aussi être gênant et même coûteux s’il faut faire appel à une entreprise spécialisée.
Pour éviter ces désagréments nous mettons donc plusieurs pièges chez nous et dans la mesure de nos possibilités, sans jouer aux cascadeurs, nous essayons d’apporter notre aide à nos voisins pour capturer, déloger ou éloigner tous ceux qui se présentent, d’où qu’ils viennent.
Un piège à essaim est tout simplement une ruchette dont l’intérieur est préalablement passé à la flamme pour le désinfecter ou enlever l’odeur du bois neuf.
Suivant la recette de Jacky (merci à toi de nous transmettre ton savoir-faire) , je badigeonne aussi l’intérieur avec une solution de propolis dissoute dans de l’alcool (à faire longtemps à l’avance pour que l’alcool puisse complètement s’évaporer avant utilisation et ne laisser que la bonne odeur de la propolis). Les plus écolos préfèreront frotter directement une boule de propolis un peu réchauffée.
Le plus important est d’introduire un vieux cadre (issu d’une ruche saine et pas trop pourri quand même !).
Plus on met de vieux cadres, plus c’est attirant, mais d’un point de vue sanitaire c’est dommage de ne pas profiter des essaims pour les faire démarrer sur de la cire neuve.
Personnellement, je n’en mets qu’un et, contrairement à la logique d’un développement harmonieux qui justifierait de le mettre au milieu, je préfère le mettre en rive. Lorsque j’enrucherai définitivement l’essaim, je ferai à nouveau en sorte qu’il se trouve toujours en rive pour pouvoir être facilement supprimé dès la prochaine visite de printemps.
Yves LAYEC, dans « La Santé de l’Abeille » n°242, préconise d’échanger le ou les vieux cadres par des neufs dès que l’essaim s’est fixé dans la ruchette, le jour même ou le lendemain.
Je complète la ruchette avec des cadres de cire gaufrée sur lesquels je mets un peu d’attire-essaim.
Et voilà un piège prêt à être installé :
Mais pour bien fonctionner, il est vivement recommandé de ne pas laisser la portière fermée !!!
Le choix de l’emplacement est primordial pour la réussite de l’opération et chacun a ses habitudes, calquées sur les habitudes des abeilles du secteur.
En théorie, il est conseillé de mettre son piège à distance du rucher (plus de 200 à 800 m suivant les auteurs) et en hauteur (1,5 à 4 mètres), ombragé, mais pas trop, en lisière de bois ou de haie par exemple, ouverture orientée vers l’est ou le sud-est.
Mais, dans la pratique, les abeilles n’en font qu’à leur tête : ce sont des filles ! Les quelques mâles d’un essaim ne font que les suivre... !
On mettra des pièges là où on peut et là où ça a déjà marché précédemment.
Ainsi j’en mets sur la grange et sur l’écurie des ânes :
J’en mets aussi toujours un juste devant le rucher, à terre, en plein soleil, trop près du rucher, ouverture à l’ouest, donc contrairement à toutes les théories :
Il peut ne servir que de point de ralliement de l’essaim avant son envol définitif, comme dans ce cas là :
Mais il arrive que j’en récupère quand la reine a du mal à voler.
Cet autre piège a aussi servi d’étape :
Mais l’essaim qui a passé la nuit dessous, en prévision d’un autre départ, a fini par s’installer à l’intérieur, sous nos yeux : il devait nous attendre !
Vidéo de l'essaim qui rentre :
Quand je parle de mettre un piège proche d’un rucher, ce n’est valable que s’il s’agit de son propre rucher. Il est très inconvenant de venir piéger à proximité du rucher d’un autre apiculteur.
Jacky, notre maître-apiculteur, accroche toujours une ruchette-piège à sa cheminée :
En plein village, il attrape ainsi de nombreux essaims. C’est utile pour lui, mais aussi pour le voisinage à qui il évite d’être importuné.
Pour en savoir plus sur les pièges à essaims voir :
http://www.beekeeping.com/abeille-de-france/articles/piege_essaim.htm
Pour des amateurs comme nous, le piègeage et la capture d’essaims font partie des plaisirs de l’apiculture. Mais, de ce fait, nous récoltons de vieilles reines et nous cultivons les souches essaimeuses.
C’est tout le contraire d’une apiculture performante.
On comprend mieux pourquoi certains apiculteurs professionnels ne veulent plus aller récupérer des essaims : cela prend trop de temps pour un résultat aléatoire et cela peut nuire à la sélection qu’ils mènent avec des élevages de reines.
Piègeage ou élevage : à chacun de choisir sa voie.
Merci de votre attention, et … à bientôt sur :
http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com
Henri
(Remerciements et Bibliographie : voir l’article n° 0 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-0-remerciements-et-bibliographie-43600752.html )