De belles journées de printemps avec des températures supérieures à 15° : c’était le bon moment pour faire les visites de printemps.
Même si on a déjà une bonne idée de ce que l’on va trouver grâce aux observations de l’activité sur les planches d’envol et des déchets trouvés sur les trappes de comptage, c’est toujours un moment de grande émotion.
C’est le lancement de la saison apicole avec ses interrogations : comment va-t-elle se passer cette année ?
Nous effectuons tous les travaux déjà décrits à l’article n° 9 (voir http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-9-la-visite-de-printemps-48589035.html ) et surtout nous visitons chaque cadre de toutes les ruches.
N’ayant pas pu continuer les pesées-arrière du fait de mon poignet convalescent, nous contrôlons aussi attentivement les réserves de miel pour savoir s’il faut donner un petit complément, suivant la météo à venir.
Quelle joie de trouver de beaux cadres de couvain d’ouvrières comme celui-là :
On remarque aussi quelques cellules de mâles groupées en bordure du nid à couvain (essaimage en préparation ?).
Par contre, quelle déception lorsque nous ne trouvons pas du tout de couvain ou seulement quelques cellules de mâles dispersées comme dans celui-ci :
Car il s’agit alors de ruches orphelines (la reine est morte) et bourdonneuses quand des ouvrières se sont mises à pondre à la place de la reine. Non fécondées, elles ne donneront que des mâles (voir http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-15-ruche-orpheline-ou-pas-52686832.html ) et la colonie est condamnée.
Ces deux cas de ruches orphelines ne m’ont pas surpris car j’avais remarqué que, contrairement aux autres ruches qui rentraient de grosses pelotes de pollen, elles n’en rentraient pas du tout ou seulement quelques toutes petites pelotes. Elles ne faisaient donc pas d’élevage de jeunes larves.
À cette époque de l’année, je préfère appliquer le principe de précaution en détruisant et brûlant ces colonies. Je ne procèderai par fusion qu’en période d’essaimage où les orphelinages sont plus probablement liés à un accident de vol nuptial qu’à un risque de maladie.
Mais, deux ruches au tapis sur les dix du rucher de la Huberdière, c’est supérieur aux années précédentes.
Pour moi qui roulais des mécaniques dans mon article de début d’année (voir http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-27-quelle-conduite-de-rucher-pour-2011-65541844.html ) en disant que je n’avais pas de signes de varroase, je le prends comme un avertissement (… ou comme une claque !).
Dois-je me résigner à utiliser de l’amitraze ? Comme cela fait 6 ans que je m’en passe, en l’utilisant certaines années, je serais largement dans les objectifs initiaux du Grenelle de l’environnement (réduction de 50% des pesticides) mais serais-je dans les nouveaux objectifs (réduction de 50 % des risques) ?
Dans l’absolu, ce nouvel objectif de réduction des risques de 50% n’est pas inintéressant. Ce n’est pas la quantité utilisée d’un pesticide qui est le plus à craindre mais l’amplitude de ses répercussions, même à doses faibles, y compris quand la matière active a disparu. Mais il est plus difficilement appréhendable, surtout quand on ne connaît pas toutes les implications à long terme (… et encore faudrait-il les chercher !).
On sait, par certaines affaires fumeuses, qu’un produit ou un médicament jugé inoffensif pendant de longues années, peut ensuite être révélé publiquement dangereux.
Alors, contrairement à ce que j’ai pu entendre de la part d’éminents scientifiques au colloque « Pesticides et Environnement » qui s’est tenu à Tours la semaine dernière, je ne pense pas qu’il existe de « bons pesticides » mais je reste d’accord avec eux quand ils affirment, préalablement, que tout pesticide est un « poison ».
Je crains que ce changement d’objectifs ne soit là que pour masquer une reculade par rapport aux objectifs initiaux du Grenelle de l’environnement.
Bon, … alors, quelle décision vais-je prendre pour mon petit rucher sans vouloir refaire le monde?
Comme il n’y a pas eu de perte dans l’autre rucher de la vallée de la Dème, en tout nous n’avons donc que 10 % de pertes hivernales : ce qui est maintenant banal (une pensée, au passage, pour notre amie qui en a eu 75%).
Toutes les autres colonies ont de 3 à 6 cadres de couvain sans problème apparent.
D’autre part, cela fait plusieurs années que je cherche une corrélation entre :
- la moyenne journalière des chutes naturelles de varroas avant acide oxalique,
- le nombre de varroas tombés pendant les 4 semaines suivant l’acide oxalique.
- le nombre de cadres de couvain à la visite de printemps,
- la quantité de miel récolté par ruche.
Résultat : c’est n’importe quoi ! Peu ou pas de corrélation du tout.
J’ai l’impression que c’est la qualité de la reine et de la lignée qui prime sur les autres paramètres. Ce ne sont pas les éleveurs de reines qui me diront le contraire ! À ce sujet, dois-je aussi revoir mes propos précédents ?
Donc pour l’instant, j’ai toujours envie de poursuivre l’expérience du zéro pesticide : on verra bien !
20% de perte sur mon rucher de la Huberdière et aucune au rucher de Marie-France dans la vallée de la Dême alors qu’elle pratique les mêmes traitements, elle y récolte aussi plus de miel : soit ce sont les mains de l’ex-infirmière qui sont plus efficaces que celles de l’ex-informaticien, soit c’est le hasard (non, mais, quand même !), soit c’est l’emplacement qui est meilleur.
(Nous en profitons pour remercier chaleureusement Odile et Eloi qui mettent à notre disposition le petit bois au milieu de leur exploitation. Comme quoi, apiculture et agriculture peuvent aussi faire bon ménage quand les pratiques agricoles sont rigoureuses.)
Finalement : est-ce que la conclusion de ces visites de printemps serait que ma fierté d’apiculteur-écolo et de mâle-dominant (… ou pas) en ait pris un bon coup ?
Merci de votre attention, et … à bientôt sur :
http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com
Henri
(Remerciements et Bibliographie : voir l’article n° 0 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-0-remerciements-et-bibliographie-43600752.html )