Je vous rassure, nous ne pesons pas les abeilles une par une : nous pesons les ruches.
On l’a vu précédemment : l’hiver, il est hors de question d’ouvrir une ruche. Alors, pour connaître l’état des réserves de chaque colonie, nous pesons les ruches.
Comme une ruche bien garnie peut peser plus de 45 kg, pour ne pas me faire plus mal au dos je ne fais qu’une « pesée arrière ».
Je glisse une corde sous l’arrière de la ruche (si possible toujours au même endroit à environ 1cm du bord) et je soulève doucement jusqu’à ce que la ruche décolle un peu.
Marie-France lit alors l’indication donnée par le peson en se mettant à sa hauteur et la note.
Pour connaître le poids total de la ruche, par simplification, certains disent qu’il suffit de multiplier le poids trouvé par 2.
D’autres disent qu’il faut faire une « pesée arrière » et une « pesée avant » puis additionner les deux nombres pour obtenir le poids total de la ruche.
Comme je n’ai pas envie de déranger deux fois les abeilles ni de faire des exercices de musculation supplémentaires, je me suis fait un tableau de correspondance à partir d’une ruche vide lestée de différents poids.
Avec mon matériel, mon peson et un peu d’approximation linéaire j’obtiens :
pesée arrière | poids réel | - poids vide | = poids utile |
9 | 17 | 17 | 0 |
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13 | 23 | 17 | 6 |
14 | 25 | 17 | 8 |
15 | 27 | 17 | 10 |
16 | 29 | 17 | 12 |
17 | 31 | 17 | 14 |
18 | 32 | 17 | 15 |
19 | 34 | 17 | 17 |
20 | 36 | 17 | 19 |
21 | 38 | 17 | 21 |
22 | 40 | 17 | 23 |
23 | 41 | 17 | 24 |
24 | 43 | 17 | 26 |
25 | 45 | 17 | 28 |
Poids utile = abeilles + couvain + réserves
Cela reste très approximatif mais suffisant pour connaître l’évolution de l’état des réserves, savoir s’il y a un risque de famine et apprécier l’activité de la colonie.
Ainsi, il est dit qu’en hiver, il faut penser à apporter un complément de nourriture en dessous de 17 kg (en pesée arrière), le risque de famine se situant en dessous de 15 kg (en pesée arrière) : à moduler suivant la proximité ou non des premières floraisons.
C'est aussi à relativiser au cas par cas. Les abeilles ont une capacité de survie exceptionnelle : on a déjà vu de toutes petites colonies avec peu de réserves passer l'hiver et être des plus productives la saison suivante.
Pour revenir à la ruche que nous venons de peser :
Marie-France a lu : 19 kg en pesée arrière ce qui correspondrait à un poids total de l’ordre de 34 kg soit un poids utile de 17 kg pour les abeilles, leur couvain et leurs réserves, il n’y a donc pas lieu de lui apporter de complément de nourriture.
Le 30/11/2009 elle arrière-pesait 21 kg soit 21 kg de réserves.
Le 18/01/2010 elle arrière-pesait 20 kg soit 19 kg de réserves, donc 2kg ont été consommés en 49 jours.
Le 31/01/2010 elle arrière-pesait 19 kg soit 17 kg de réserves, donc 2kg ont été consommés en 13 jours.
Il a fait très froid en janvier mais la consommation s’est aussi accélérée avec la reprise de la ponte de la reine et de l’élevage de jeunes larves : elle a donc une bonne activité.
Et comme en février, le froid et la neige sont de retour :
c’est en mars qu’il faudra être le plus vigilant, car les besoins en nourriture vont encore s’amplifier suivant la météo du moment.
Il est aussi possible de faire comme certains apiculteurs qui pèsent en soulevant chacun des côtés (par la poignée) et qui additionnent les deux chiffres obtenus.
Au lieu de mon peson à trois sous, il existe des pesons électroniques plus précis (mais plus chers !).
Le fin du fin pour les amateurs de technologie, ce sont des balances à placer sous les ruches. Elles transmettent les pesées en temps réel par GSM, sans avoir à se déplacer au rucher.
Ce système serait particulièrement utilisé par les apiculteurs qui transhument leurs ruches loin de chez eux.
Ils peuvent ainsi suivre le remplissage des hausses et savoir quand il faut aller faire la récolte.
Voir par exemple : http://www.bienenwaage.de/html/body_balance.html
Nous n’en sommes pas là ! (Si, si Richard : nous sommes encore capables de nous raisonner dans notre expansion !)
Bien sûr, lors des pesées, il s’agit d’éviter toute brusquerie.
Sinon : il n’y a plus qu’à fuir, de préférence en sous-bois (sans courir et sans grands gestes : çà, c’est la théorie !) :
A part celles qui sont agrippées à nos cheveux, nos abeilles européennes abandonnent vite la poursuite après quelques mètres.
Ce n’est pas le cas des abeilles africaines qui sont capables de poursuivre un intrus sur plusieurs kilomètres et même d’attendre au-dessus de lui s’il plonge dans l’eau.
Voir, par exemple, à ce sujet :
http://www.dinosoria.com/abeille.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abeille_tueuse
http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t/zoologie-1/d/labeille-sentinelle-ecologique_684/c3/221/p10/
Elles tuent, chaque année, des dizaines de personnes aux Etats-Unis.
Soyez tranquilles : elles n’ont pas encore été signalées en Europe !
Elles ont inspiré Roch DOMEREGO et Christian BLANCHARD qui ont écrit une fiction politico-écolo-romantique « LA REINE AFRICAINE » édition JC Lattès.
Ce roman, agréable à lire, fourmille d’informations intéressantes sur la vie des abeilles, la vie des apiculteurs et leurs problèmes.
Bonne lecture et …
… à bientôt sur http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com
Henri
(Remerciements et Bibliographie : voir l’article n° 0 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-0-remerciements-et-bibliographie-43600752.html )