Début août, avec la dernière récolte de miel, s’est achevée la saison apicole.
Il est déjà temps de préparer la prochaine saison, et la première chose à faire est de s’occuper du varroa :
(Taille réelle 1,5 à 2 mm car c’est une femelle (pattes en avant), les mâles sont plus petits et ont les pattes sur le côté)
Le varroa est ce petit acarien originaire du sud-est asiatique qui est arrivé en France en 1982.
Malheureusement nos abeilles apis mellifera ne savaient pas lutter contre lui, alors, prolifique, il a envahi toute les ruches, seules quelques îles restent épargnées pour l’instant.
C’est un parasite qui se nourrit en s’accrochant aux abeilles pour les piquer et leur sucer l’hémolymphe (= le sang des insectes) et qui se reproduit en squattant les alvéoles de couvain dans lesquelles il trouve déjà une proie facile : la nymphe en cours de métamorphose.
En plus de les affaiblir, à l’occasion de ces piqûres, le varroa leur transmet des virus, cause de maladies (malformations (abeilles aux ailes atrophiées), paralysie chronique, paralysie aigüe,…).
Les populations des ruches ayant commencé à diminuer depuis juillet, il est d’autant plus important d’intervenir rapidement que les abeilles d’hiver vont naître (ces abeilles vont vivre 4 à 6 mois contre 1 à 3 mois pour les abeilles de printemps et d’été).
Comme il n’existe aucun moyen d’éradiquer le varroa (… sans éradiquer aussi les abeilles !), parmi les rares produits disponibles, nous avons préféré opter pour un produit à base de thymol et compatible avec l’apiculture biologique.
Même si notre miel ne peut pas prétendre au label « bio » du fait de l’environnement de notre rucher (s’il y a bien 50 % d’espaces sauvages butinés par nos abeilles, notamment pour le miel de « forêt », il y a aussi 50 % de cultures agricoles classiques), nous n’utilisons pas de produits à base d’amitraze.
Donc, lors de la dernière récolte de miel, en même temps que nous retirions les hausses, nous avons mis la première barquette de produit (en l’occurrence de l’APIGUARD qui était le seul produit au thymol à avoir une AMM en France lorsque nous avons débuté).
Nous avons aussi dû mettre les trappes de comptage sous nos planchers aérés pour améliorer l’efficacité du traitement en confinant les vapeurs du produit à l’intérieur de la ruche.
Suivant le protocole à respecter, nous avons mis la deuxième barquette 15 jours après.
En surveillant et nettoyant régulièrement les trappes, nous avons pu suivre l’efficacité du traitement et le taux d’infestation par ruche.
Les premières années, en se contentant de ce seul traitement, force a été de constater que nous avions la saison suivante des signes de virose sur certaines ruches même si l’infestation de varroas semblait contenue.
De ce fait, maintenant à partir de novembre, je compte le nombre de varroas tombés naturellement sur la trappe de comptage de chaque ruche afin d’en déterminer la moyenne journalière.
Pour être le plus précis possible, je le fais chaque jour car sinon les techniciens de surface peuvent en enlever avant que je ne les compte :
Je le fais aussi sur une période longue (4 semaines), car le nombre de varroas tombés peut être très variable, d’un jour à l’autre, suivant la température extérieure.
Et je le fais sur chaque ruche car d’une ruche à l’autre, même placée côte à côte, j’ai constaté des résultats variant dans un rapport de 1 à 10 (il paraît que cela peut aller jusqu’à un rapport de 1 à 15).
En effet, le comportement de nettoyage peut être très distinct d’une colonie à l’autre.
D’ailleurs, une autre voie de lutte contre le varroa consiste à sélectionner des souches d’abeilles nettoyeuses comme le font les éleveurs de reines.
A l’issue de ces comptages, je n’effectuerai un traitement supplémentaire hors couvain (vers le 15 décembre chez nous) que pour les ruches qui présenteront une moyenne journalière de chute naturelle de varroas supérieure à 1.
Après le traitement, je continuerai encore les comptages pendant 4 semaines pour vérifier son efficacité et le taux d’infestation.
C’est ainsi que j’ai pu constater, qu’en moyenne, avec mon matériel et ma façon de procéder, lorsqu’il y avait 1 varroa en moyenne journalière avant le traitement, le traitement en faisait tomber plus de 150 en tout sur 4 semaines.
Ces chiffres ne correspondent pas aux articles que j’ai pu lire : en général, s’il est bien préconisé de faire ce traitement supplémentaire au-delà de 1 varroa/jour, il est aussi dit qu’une colonie, en hivernage, ne devrait pas héberger plus de 50 varroas pour assurer ensuite une bonne saison apicole.
Ce qui est sûr, c’est que depuis que je pratique ainsi, je n’ai plus eu de signes viraux : … pourvu que ça dure !
Pour tous nos amis consommateurs qui pourraient s’inquiéter de l’impact des traitements sur le miel et qui ne cessent d’entendre que « les abeilles sont malades » : vous pouvez continuer d’apprécier sereinement le miel et tous ses bienfaits car :
- les traitements cités ne sont réalisés qu’en dehors des périodes de butinage de votre miel (il n’y a plus les hausses),
- toutes les maladies et virus affectant les abeilles ne concernent qu’elles et pas les humains.
En dehors des cas d’allergie et de régime pauvre en sucres, le seul risque connu pour la santé humaine est le botulisme chez les très jeunes enfants (moins d’un an) dont l’appareil digestif n’est pas encore capable de « casser » les spores de la bactérie Clostridium botulinum que les abeilles auraient pu récolter accidentellement dans l’environnement.
Voir à ce sujet :
http://www.beekeeping.org/articles/fr/botulisme.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Botulisme
Même si les cas sont rares, c’est la raison pour laquelle, le miel est déconseillé aux enfants de moins d’un an.
Il leur faudra attendre un peu pour pouvoir goûter à cette récolte de bon miel « Toutes Fleurs » :
Merci de votre attention et …
… à bientôt sur http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com
Henri
(Remerciements et Bibliographie : voir l’article n° 0 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-0-remerciements-et-bibliographie-43600752.html )