Parmi nos fidèles lecteurs, vous êtes nombreux à nous demander comment vous pouvez venir en aide aux abeilles dans votre jardin, quelles plantes vous pouvez leur offrir à butiner, à défaut de pouvoir leur proposer une ruche.
Nous ne pouvons qu’approuver votre désir d’héberger des abeilles dans votre jardin d’agrément ou potager et vous ne le regretterez pas !
Je vous propose d’examiner cette question par l’autre bout de la lorgnette : qu’est-ce que les abeilles nous apportent à nous les jardinier(e)s ?
En cette période de récolte je remercie chaque jour mes auxiliaires de jardinage : j’ai nommé les abeilles (je n’oublie pas les autres butineurs, comme les gros bourdons…). Les tomates sont nombreuses, saines et très grosses ; les melons (70 melons pour 6 pieds) bien ronds et rondelets (1kg-1k200) mûrs, sucrés à point.
Les récoltes de cornichons, concombres, courgettes et fraises ont été généreuses aussi. Pareil pour les fruits à noyaux (abricots, pêches, nectarines, prunes). Et pourtant cela avait mal commencé au printemps avec les satanés Saints de Glace et leurs gelées noires (cf. article n°13)
Quel rapport me direz-vous avec les abeilles ? C’est peut-être la terre qui est bonne et la jardinière qui a la main verte ! Que nenni ! Notre terre est très quelconque et la jardinière juste dans la moyenne.
Souvenez-vous plutôt: les abeilles visitent les fleurs pour deux choses : récolter du pollen, substance protéinée dont la colonie a besoin pour vivre et croître et récolter du nectar (si la plante est mellifère) pour faire le miel (cf. article n°17)
Chaque jour, ce sont des milliers de fleurs qui sont ainsi visitées par les insectes butineurs. Chaque espèce d’insectes a ses préférées. L’attractivité des fleurs diffère aussi selon de nombreux paramètres, très complexes.
Petit rappel aussi concernant l’anatomie-physiologie des plantes :
Pour produire fruits et graines, la fleur a besoin d’être fécondée. L’appareil reproducteur de la fleur se compose d’un dispositif mâle : les étamines avec à leur somment les anthères qui produisent et libèrent le pollen ainsi que d’un dispositif femelle : le pistil appelé aussi gynécée dont la partie supérieure est le stigmate chargé de recevoir le pollen. La partie interne du pistil est l’ovaire où se fait la fécondation. Il est capable de libérer des ovules.
L’ovaire nous donnera le fruit et les ovules produiront les graines.
Certaines plantes portent des fleurs femelles, des fleurs mâles et/ou des fleurs hermaphrodites. C’est le cas des melons. D’autres plantes ne sont porteuses que de femelles ou que de mâles. C’est le cas de l’arbre à kiwis (actinidia).
Dans tous les cas, il est impératif que le pollen soit déposé vivant sur le stigmate pour qu’une fécondation puisse se produire.
En butinant, les abeilles et autres insectes assurent ce transport en déposant «accidentellement » le pollen des étamines sur le stigmate. Ils assurent ainsi la pollinisation.
Une bonne pollinisation assure de beaux fruits (pour nous) et de belles graines (pour la reproduction de l’espèce, dans un monde sans Monsanto!).
Les vecteurs de pollinisation sont divers : les différents insectes butineurs mais aussi le vent (pour les céréales par exemple). Seulement, certaines plantes comme les melons, les fraisiers, les abricotiers, les cornichons….sont presque exclusivement pollinisées par les abeilles.
De beaux et nombreux pépins dans un fruit, de beaux noyaux bien formés témoignent d’un bon niveau de pollinisation. Observez à ce sujet la tête des noyaux et pépins de certains fruits du commerce !
Aujourd’hui, certains maraîchers et arboriculteurs, constatant la baisse de pollinisation de leurs cultures, sont contraints de louer les services des apiculteurs pour disposer des ruches près de leurs vergers et serres afin que les abeilles (souvent au péril de leur vie) viennent polliniser leurs cultures.
Mais ceci est une autre question, bien inquiétante d’ailleurs.
Suivons donc Caramel au potager…
Vous voyez maintenant l’intérêt commun qu’ont les abeilles et les jardiniers. En attirant les insectes butineurs dans votre jardin, vous leur fournissez pollen et/ou nectar et en échange, ils vous pollinisent généreusement vos cultures et vous récoltez de beaux fruits et légumes. C’est tout simple, non ?
N’hésitez donc pas à mettre dans votre jardin des fleurs qu’elles aiment et dont les floraisons vont s’étaler dans le temps.
Voici quelques idées, mais elles ne sont pas exhaustives. En début de saison : les pavots orientaux, seringas, sauges, fruitiers, aubépines, les attirent bien ainsi que toutes les aromatiques : thym, romarin, aneth, origan …
Plus tard : les cosmos, lavandes et vignes vierges leur plairont beaucoup.
Toute la saison, la bourrache agrémente tous les petits coins ou espaces nus (bouts de rangs, espaces laissés libres par les plantes précoces déjà disparues…). Elles en raffolent et y butinent du matin au soir.
Si vous avez un très grand jardin et que vous êtes bien équipés, vous pouvez semer au fur et à mesure que vos planches de légumes se libèrent, des mélanges de plantes mellifères qui feront ensuite, lors d’un broyage-enfouissage, un bon engrais vert. Ce sont des mélanges à base de phacélie, moutarde, sarrasin…Ces plantes seront précieuses à nos butineuses jusqu’aux premières gelées mais il faut admettre que c’est du travail supplémentaire auquel j’ai personnellement renoncé.
Si vous avez des pelouses et allées avec du petit trèfle, attendez qu’il soit défleuri pour une nouvelle tonte, elles adorent aussi mais attention si vous marchez pieds nus ! A part dans ce cas précis, les butineuses ne sont jamais agressives.
Bien sûr, cela va de soi, attirer les abeilles et autres pollinisateurs, c’est s’engager à n’utiliser aucun insecticide dans son jardin. Cela est complètement possible.
Quand j’ai créé notre potager et découvert les centaines d’insectes qui vivaient là avant nous, je me suis demandé comment mes modestes cultures pourraient résister à tous ces envahisseurs. Affolée à l’idée de me bagarrer contre toutes ces bestioles à coup de produits toxiques, j’ai décidé de ne rien faire et de laisser tout ce petit monde se débrouiller.
La première année, ça n’a pas été terrible mais très vite chacun a trouvé son prédateur. Je n’ai jamais revu un seul puceron dans les rosiers ou les haricots. A ce sujet, les capucines captent les pucerons gourmands et plaisent aussi aux abeilles.
Bien sûr, nous n’avons fait qu’effleurer le sujet de la pollinisation par les abeilles. C’est un sujet très vaste, complexe et qui, aujourd’hui, en raison de la disparition croissante de centaines d’espèces d’insectes sauvages moins médiatiques que nos avettes, devient très préoccupant sur le plan tant écologique qu’économique.
A notre petite échelle de jardiniers et de consommateurs, jardiner et manger bio, autant que possible, demeure encore la meilleure façon d’aider les abeilles et nous-mêmes à rester en bonne santé.
Il est temps maintenant de refermer la porte du jardin.
Merci de votre attention et …
… à bientôt sur http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com
Marie-France
(Remerciements et Bibliographie : voir l’article n° 0 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-0-remerciements-et-bibliographie-43600752.html )