Quel joli nom pour désigner cette substance que les abeilles confectionnent à partir de résines récoltées sur les bourgeons des arbres (bouleaux, frênes, saules, chênes, pins, sapins,…) et transportées sur leurs pattes arrière, comme pour le pollen.
Propolis est un mot latin directement emprunté au grec « προπολιϛ ».
Un des sens du préfixe « pro » (« προ » en grec) est : « en avant de ».
Et « polis », que l’on retrouve dans « mégapole » et « mégalopole » pour parler des très grandes agglomérations, désigne « la ville », « la cité ».
On peut donc en déduire que « propolis » (et « προπολιϛ » en grec) signifie « en avant de la ville », « bâtisse en avant de la ville », mais aussi « rempart » et par extension « barrière de protection de la ville » (allusion à la réduction de l’entrée de la ruche avec de la propolis pour défendre l’entrée de celle-ci).
Notre bon vieux dico de latin « Le Gaffiot » est beaucoup plus clair. On peut en effet y lire : « propolis, is » (f), du grec « προπολιϛ » = « propolis, matière résineuse dont les abeilles se servent pour clore leur ruche ».
Cette occurrence est notamment employée par Pline.
Si l’on ajoute à cela que les Égyptiens utilisaient déjà cette substance pour leurs embaumements, on ressent pleinement le lien entre l’histoire de l’Homme et celle des abeilles depuis l’Antiquité.
Pourvu que nous sachions faire perdurer cette histoire !
Donc, pour faire plus simple, la propolis est le ciment que les abeilles utilisent pour boucher les trous et fixer solidement leurs gâteaux de cire.
Mais c’est aussi le désinfectant utilisé pour assainir l’intérieur de la ruche, empêcher le développement de moisissures et enrober les cadavres (limaces, souris,…) qui ne peuvent pas être tirés à l’extérieur comme on le voit ici avec une abeille que nous avons dû malencontreusement écraser lors d’une manipulation.
La composition de la propolis peut être énoncée simplement :
- plus de 50 % de résines et baumes
- de l’ordre de 30 % de cire (mais très variable suivant les colonies, l’emplacement du rucher et l’emplacement où la propolis est utilisée dans la ruche)
- des huiles essentielles, du pollen, … et autres substances diverses.
Mais dans ses constituants détaillés, la composition est beaucoup plus complexe.
Pierre Jean-Prost et Yves Le Conte (cf. « Apiculture » éditions TEC & DOC) nous indiquent : « Séparée de la cire, la propolis contient des hydrocarbones, des lipides, des alcools, des aldéhydes et des acides, des substances flavonoïdes comme la chrysine (1-3 dioxyflavone) et la galangine, de la pinocembrine, des kétones, des vitamines, des coumarines et des terpénoïdes ».
Ils nous disent aussi :
« Variables selon l’origine botanique et géographique, les propriétés antiseptiques et cicatrisantes de la propolis sont connues depuis fort longtemps.
Parmi les autres propriétés médicinales de la propolis ; signalons ses pouvoirs anti-inflammatoires et anesthésiants ainsi que ses actions antivirales, bactériostatiques et bactéricides, ces deux dernières dues à la galangine et à la pinocembrine. »
Ces propriétés font de la propolis un élément de base dans la composition de nombreuses spécialités de la pharmacopée et de la cosmétologie.
Marie-France vous parlera de ses préparations pour notre usage personnel mais, avant cela, il faut que j’en fasse la récolte.
Les hausses ayant été stockées après la dernière récolte, j’attends qu’il y ait eu quelques jours de gel pour procéder au grattage du dessus des cadres. Le froid a rendu la propolis cassante et donc plus facile à récolter.
Les professionnels qui vendent leur récolte aux laboratoires, utilisent des grilles à propolis en plastique comme celle-ci :
Les abeilles bouchent les interstices avec la propolis qui est ensuite récupérée, après un passage au congélateur, par pliage de la grille.
J’ai essayé, mais je n’ai pas trouvé cela aussi facile qu’annoncé, alors je préfère continuer de gratter les cadres et tant pis s’il y a un peu de poussière de bois et quelques pattes de mouches (…à miel) avec.
Pour ne pas dénaturer la propolis et l’utiliser quand elle est fraîche, je ne la lave surtout pas.
Voici, par exemple, ma récolte après grattage de 7 hausses (soit 63 cadres) :
243 g en tout, sachant que j’ai utilisé, en moyenne, deux hausses par ruche, on peut en déduire qu’une ruche nous a produit, sur l’année, 70 grammes de propolis utilisable pour nos préparations.
(On comprend pourquoi la quantité de propolis rentrant dans la composition de nombreux articles du commerce est souvent infime mais juste suffisante pour pouvoir être citée sur l’emballage.)
À cela il faudrait ajouter la propolis que je gratterai, au printemps, sur les cadres de corps de ruche, mais celle-là je la réserverai exclusivement à d’autres usages car elle a pu être en contact avec les produits de traitement contre le varroa.
Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année et passe la propolis et la parole à Marie-France.
Henri (avec l’aide d’Elsa pour les références littéraires)
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La propolis n’a jamais autant fait jaser. Peut-être parce qu’elle a le pouvoir d’éclaircir la voix…
On lui prête beaucoup d’allégations de santé, concernant toutes ou presque, nos fonctions physiologiques.
Les études sérieuses sont nombreuses, pas toujours sorties des tiroirs d’ailleurs bien qu’édifiantes pour certaines d’entre elles.
Les publicités enjôleuses voire mensongères sont tout aussi nombreuses.
Aux congrès des apiculteurs, nous rencontrons d’éminents chercheurs, modestes et pondérés ainsi que de cupides gourous, opportunistes devant la montée de popularité des produits de la ruche sur le marché de la santé et du bien-être.
Alors, qui croire ? Qu’acheter ? Pour soigner quoi ?
Je ne vous dresserai pas un catalogue de tous les bienfaits de la propolis, de nombreux sites s’y emploient. À chacun ensuite de croire ou pas, d’acheter ou pas.
Revenons à ce que nous, nous en faisons de cette propolis, au fond de notre cuisine et pour notre usage strictement personnel.
Il ne sera question ici que de notre expérience domestique.
Henri vient donc de gratter méticuleusement les hausses et rentre à moitié congelé à la maison mais fier de son butin. La propolis qu’il rapporte est fraîche, elle sent bon, bien sèche car non lavée.
Je vais l’utiliser au plus vite pour mes préparations « maison ».
Avant tout, nous en prenons un morceau et la mâchons longuement comme un chewing-gum. Elle purifie l’haleine, adoucit la gorge et peut-être plus encore…
Ensuite, je la mets au réfrigérateur pour qu’elle durcisse bien afin d’être moins collante.
Avec mon moulin à café années 60, je la mixe très fin, et une fois réduite en poudre, je la tamise et jette les résidus cireux.
Cette jolie poudre orange va me servir pour plusieurs préparations.
1) Mélangée avec du miel de forêt, elle nous fournit le propomiel dont nous allons faire une cure à l’entrée de l’hiver à raison d’une cuillérée à café par jour.
Nous renouvelons encore une fois cette cure vers février. Résultat en 2009 pour nous deux : saison impeccable sans affections hivernales et une énergie en hausse pour un peu qu’on l’associe à des produits riches en vitamine C qui en potentialise les effets.
2) Mélangée à de l’huile d’olive vierge bio et macérée pendant plusieurs semaines elle devient après filtrage un onguent très riche et cicatrisant pour nos gerçures, fissures talonnières, petits boutons d’herpès et autres petits ennuis de cicatrisation :
3) Mélangée à de l’alcool à 70°, macérée quelques semaines puis filtrée et évaporée, je vais obtenir de l’alcoolat de propolis. Cet alcoolat servira de plusieurs façons :
4) Il rentrera dans la composition de mes savons « maison » au miel.
5) Ce même alcoolat servira à la composition d’une solution hydro-alcoolique qui soulage bien des misères asines.
6) Lotion désinfectante, antiprurigineuse et cicatrisante, nous l’utilisons sur notre âne Ouaka qui peut faire de grosses dermites estivales au poitrail à cause des piqûres répétées des mouches et taons. Les lésions guérissent très vite et mieux encore, la propolis qui a une odeur très forte a aussi une action répulsive. Vaporisée sur différents points du corps de nos solipèdes, il est très drôle de voir comment les mouches font vite demi-tour, presque la mine dépitée. Mais il faut renouveler souvent pour maintenir cette action répulsive.
Depuis 3 ans, nous n’utilisons plus du tout de produit répulsif à base de fipronil et avons évité de traiter la dermite avec antibiotiques ou corticoïdes.
7) Toujours chez les ânes, cette préparation qui a une grande action bactéricide et acaricide nous sert aussi dans le traitement des pathologies des sabots (abcès, fourmilières, pourriture de la fourchette…)
8) Cet été, Ouaka a fait une forte lymphangite à la racine d’un antérieur suite à des piqûres de taons. L’œdème était de la taille d’un ballon de rugby, très inquiétant. Avant d’alerter le vétérinaire j’ai tenté un emplâtre d’argile verte avec de l’alcoolat pur de propolis, ainsi que des granules homéopathiques d’apis mellifica (comme par hasard !). En 48h, tout était rentré dans l’ordre : le ballon était dégonflé et Ouaka retrouvait le sourire (oui, oui, Ouaka sourit ou fait la moue selon son humeur!)
Pour toutes les autres présentations et indications de la propolis, je m’en remets aux laboratoires sérieux en la matière. Vous trouverez mes préférés grâce aux liens suivants : Ballot Flurin (http://www.ballot-flurin.com/) et Pollenergie (http://www.pollenergie.fr/). Leurs méthodes de fabrication sont moins artisanales et leurs dosages moins aléatoires que les miens.
Il est clair que miel, propolis, gelée royale et pollen sont de précieux auxiliaires de santé. Il n’en va pas moins qu’il ne faut pas acheter n’importe quoi et surtout de n’importe quelle provenance.
Les indications de ces produits sont nombreuses mais ils ne sont pas pour autant des remèdes pour tout.
Il faut aussi avoir à l’esprit que, si ces produits sont naturels, ils n’en sont pas pour autant anodins et il peut exister des cas d’intolérance ou d’allergie.
Les abeilles nous font profiter de ces remarquables substances dont elles se servent elles-mêmes pour vivre, croître et se protéger mais restons pondérés et vigilants car l’apithérapie intéresse aussi beaucoup le marketing.
Je vous souhaite un bon hiver !
Merci de votre attention, et …
… à bientôt sur http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com
Marie-France
(Remerciements et Bibliographie : voir l’article n° 0 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-0-remerciements-et-bibliographie-43600752.html )