Maintenant on peut dire que le printemps est là avec son cortège de floraisons diverses et variées.
Dans la haie, les pruneliers (ou prunellier dit aussi « épine noire ») ont pris la relève des saules marsault et ont fait le bonheur de tous les insectes pollinisateurs.
Ici, cette abeille est trop petite, trop noire et trop velue pour être une des nôtres : il s’agit d’une abeille sauvage (une andrène et peut-être plus précisément une andrena cineraria ?)
Si l’agriculture intensive imagine déjà l’élevage intensif d’abeilles et de bourdons pour ses besoins de pollinisation (voir notre newsletter n°6), il ne faut surtout pas oublier tous les autres pollinisateurs sauvages qui sont indispensables pour assurer la biodiversité des espèces végétales.
Mais revenons au printemps, et le printemps, pour l’apiculteur, c’est le moment de son premier grand travail de l’année :
« La visite de printemps »
Cette visite complète des ruches a trois objectifs :
- faire le ménage,
- contrôler l’état sanitaire et apprécier la force des colonies,
- prendre les décisions pour la conduite du rucher.
Cette année, il aura fallu attendre que les températures soient enfin acceptables.
Suivant les auteurs (et leur région d’origine) il est conseillé qu’il fasse un minimum de 15° (ou 17° ou 19°) à l’ombre depuis plusieurs jours, mais il faut aussi tenir compte du vent. En fonction de sa disponibilité, l’apiculteur doit souvent composer entre la théorie et les réalités du moment. Ainsi comme il faisait encore un peu frais à la visite du premier rucher, on a fait plus vite et on n’a pas pris de photo pour éviter de trop refroidir le jeune couvain.
Après un peu d’enfumage, nous commençons par gratter le dessus des cadres pour récupérer la propolis et faire en sorte que les ruches soient toujours « visitables ». Une ruche laissée à l’abandon devient vite un bloc compact entièrement « cimenté » à la propolis.
En vidéo :
Puis nous visitons chaque cadre de la ruche pour contrôler leur état, vérifier la présence de couvain, apprécier sa quantité et sa qualité.
Voici un exemple de cadre avec un beau couvain d’ouvrières :
Et sur ce beau cadre, Marie-France a tout de suite vu la reine :
La présence de couvain de mâles, bien groupé en bordure du nid à couvain est un bon signe de vitalité mais peut faire craindre aussi un essaimage précoce :
Ce que l’on piste et que l’on craint de trouver c’est :
- absence de couvain (ruche orpheline)
- couvain uniquement de mâles et disséminé (ruche bourdonneuse : la reine est morte et des ouvrières non fécondées se sont mises à pondre ce qui ne donne que des petits mâles)
- couvain d’ouvrières en mosaïque (risque de maladie (loque))
- traces de diarrhée sur les cadres (risque de maladie (nosémose))
- et tout ce qui est anormal par rapport à une ruche en bonne santé, le pire étant bien sûr une ruche vide d’abeilles, ou toutes mortes, mais ça on s’en serait déjà douté par l’observation de l’activité sur la planche d’envol et des déchets sur les trappes sous les planchers (voir article n°1).
En vidéo la visite d'une ruche :
Les cadres de rive ayant été délaissés pendant l’hiver c’est le moment de les retirer et d’en profiter pour mettre des cadres neufs avec une plaque de cire gaufrée fraîche.
Mais comme la reine adore pondre dans les vieux cadres, il aura fallu anticiper cette opération à l’automne précédent en les ayant mis en rive de chaque côté de la ruche pour assurer une rotation.
Comme pour notre lit : il faut bien changer les draps de temps en temps, sinon il y a accumulation de microbes, spores, bactéries et champignons divers et variés.
Il est conseillé de changer au moins 2 ou 3 cadres par an (pour vos draps : c’est vous qui voyez).
La punaise de couleur que je mets sur le dessus des cadres me permet de connaître leur âge (la couleur correspond à celle du marquage des reines : bleu= 2010, vert=2009, rouge=2008, jaune=2007, blanc=2006) et d’organiser leur rotation.
La couleur des draps, c'est-à-dire de la cire, reste le premier repère.
(N.B. : En fait, depuis l'écriture de cet article, j'ai arrêté de mettre ces punaises qui me gênent pour gratter la propolis. Avec l'expérience, la couleur des cires est bien suffisante.)
Ensuite, il nous faut encore faire le nettoyage complet des planchers plastiques (brossage et trempage dans l’eau de javel).
Alors quelle est la situation ? Comment vont les abeilles ?
Et bien à ce jour toutes les colonies sont vivantes et ont passé l’hiver.
Il y a du couvain d’ouvrières homogène dans toutes les ruches donc les reines sont bien actives.
Les colonies fortes à l’automne sont toujours les plus fortes et les plus avancées.
À l’inverse, les autres sont un peu en retard et risquent de souffrir du froid qui est revenu avec un vent de nord empêchant les butineuses de bien travailler.
Alors comme d’habitude, on continue de craindre ce que le lendemain va nous apporter en attendant que le miel soit vraiment dans les pots : c’est dur la (π) culture !
Merci de votre attention et …
… à bientôt sur http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com
Henri
(Remerciements et Bibliographie : voir l’article n° 0 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-0-remerciements-et-bibliographie-43600752.html )