Enfin nous avons eu quelques belles journées ensoleillées qui ont permis aux abeilles de se dégourdir les ailes.
Les butineuses ont immédiatement mis à profit ce beau temps pour trouver eau, pollen et nectar sécrété par les premières fleurs.
Après les petites pelotes blanches de pollen de noisetiers, elles ramènent maintenant de superbes grosses pelotes jaune vif.
Où le trouvent-elles alors qu’on ne voit encore que peu de fleurs ?
Sur les saules « marsault » des haies avec leurs beaux chatons épanouis (chatons = fleurs mâles):
L’activité sur les planches de vol est très importante: les jours de grand soleil il y a même embouteillage car les jeunes abeilles en profitent pour effectuer leur premier vol.
Ce spectacle émouvant ravit l’apiculteur et le rassure sur l’état de ses colonies.
Pour leur premier vol, les jeunes abeilles effectuent un vol stationnaire en faisant face à l’entrée de la ruche puis décrivent comme un balancement en s’éloignant, petit à petit, de plus en plus de leur ruche.
Les anciens ont appelé ces vols groupés: "le soleil d'artifice".
C’est par ces premiers vols que l’abeille va mémoriser l’emplacement de sa ruche : elle initialise ainsi son GPS interne pour la destination « maison » qu’elle saura ensuite retrouver même si elle va butiner à plusieurs kilomètres.
Comme ces vols s’effectuent en groupe, on peut imaginer qu’ils dessinent comme des rayons d’un soleil dont le centre serait l’entrée de la ruche : est-ce pour cela que le terme « soleil d’artifice » a été employé ?
L’abeille, qui apprend vite (on dresse en 10 mn une abeille à détecter un explosif dans un aéroport), va intégrer ainsi les caractéristiques de l’environnement extérieur à la ruche : repères visuels et géomagnétiques.
Pour les aider, certains apiculteurs dessinent des signes différents sur chaque ruche (l’abeille reconnaîtrait bien les formes étoilées mais confondrait un carré avec un cercle) ou les peignent de couleurs différentes (l’abeille voit bien le bleu mais serait aveugle au rouge).
Je ne sais pas si c’est vraiment utile, mais c’est beaucoup plus joli pour le promeneur.
Voici, par exemple, des ruches vues en Crête :
… et un stock de ruches et ruchettes :
Il est aussi conseillé de ne pas placer ses ruches dans un alignement trop parfait qui favoriserait la « dérive » au profit des ruches des extrémités. On parle de dérive quand, à son retour, une butineuse se trompe de ruche et que, grâce à ses sacoches pleines, elle est facilement acceptée par les gardiennes.
Il pourrait y avoir jusqu’à 10 à 20% de travailleuses immigrées dans certaines ruches.
Voici un exemple (toujours en Crête) d’un grand rucher dont le désordre apparent révèle en fait une très bonne organisation.
Sauf bug, l’abeille étant bien programmée pour rentrer à sa ruche, l’apiculteur n’a que deux possibilités pour déplacer une ruche :
- la déplacer de moins de 50cm à la fois et en la laissant quelques jours à chaque étape. Mais bien qu’elle ne soit déplacée que de 50cm, c’est particulièrement émouvant de voir les butineuses arriver encore directement sur l’emplacement vide et mettre longtemps avant de se décider à chercher et à trouver leur ruche bien que juste à coté et tout à fait visible.
- la déplacer (la nuit quand toutes les abeilles sont à l’intérieur) de plus de 5 km ce qui les forcera à réinitialiser leur GPS.
C’est pour cela que nous avons été motivés à avoir un autre rucher à 10 km du premier.
Mais en finalité comment l’abeille sait-elle qu’elle rentre dans la bonne ruche, et comment les gardiennes savent-elles que l’arrivante est bien de leur bande ?
C’est par l’odorat !
En effet l’odorat et l’émission d’odeur (on parlera de « phéromones » ou de "phérormones") est le mode de communication principal des abeilles.
Chez l’abeille, le nez : c’est leurs antennes qui portent des organes sensoriels de plusieurs types.
Toutes les abeilles d’une colonie (=habitantes d’une ruche) portent la même odeur grâce à une combinaison spécifique de composés cuticulaires : c’est leur badge et c’est ce badge que les gardiennes contrôlent à l’arrivée d’une abeille.
Donc pour rentrer dans une ruche il vaut mieux être en « odeur de sainteté », car celles qu’on ne peut pas « piffer » sont mises à la porte (sauf si leurs bagages sont intéressants)!
Pour finir, et rien que pour le plaisir bucolique de la campagne, voici une petite vidéo de « Jocelyne », notre poule naine, qui a encore pu couver malgré les grands froids et son grand âge (14 ans), et faire éclore des œufs au premier jour de beau temps (elle connaît la météo 3 semaines à l’avance, elle !).
Voyez comment, dans la nature, des poussins de 2 jours sont déjà actifs et n’ont besoin ni de farines industrielles ni de lampe de chauffage pour se nourrir et se développer.
Merci de votre attention et …
… à bientôt sur http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com
Henri
(Remerciements et Bibliographie : voir l’article n° 0 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-0-remerciements-et-bibliographie-43600752.html )