Depuis plusieurs jours la Touraine, comme beaucoup d’autres régions, grelotte.
Les températures descendent jusqu’à moins 15 ° et vous êtes nombreux à vous inquiéter pour nos abeilles.
La question est d’autant plus pertinente que ce froid arrive après la reprise de la ponte de la reine et comme il faut plus de 30° (idéalement 34 à 35°) au centre de la ruche pour élever le jeune couvain : comment font les abeilles pour chauffer ?
Quand on parle de chauffage, il faut déjà parler, en premier lieu, d’isolation.
Toute l’année les abeilles ont ainsi cherché à réduire les courants d’air avec de la propolis au dessus des cadres et dans les interstices de la ruche (voir article n° 24 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-24-la-propolis-62735987.html ).
Certaines colonies iront même jusqu’à réduire la porte d’entrée pour mieux se défendre du froid et des intrus.
La structure du nid avec ses rayons de cire alvéolée constitue un bon cloisonnement.
Quand le froid devient intense, elles forment la « grappe d’hivernage ».
Les abeilles à la périphérie de cette grappe se tiennent très serrées et constituent ainsi une couche isolante pour le reste de la colonie.
Les abeilles au centre de la grappe gardent une liberté de mouvement pour vaquer aux tâches habituelles (se nourrir, nourrir les larves, nettoyer,…etc.).
Le chauffage, à proprement parler, est assuré par les abeilles de l’intérieur de la grappe. Pour cela, elles actionnent les muscles de leur thorax, qui servent habituellement à voler, mais sans battre des ailes.
Les abeilles de la périphérie, exposées au froid, s’engourdissent et finiraient par mourir si des abeilles de l’intérieur ne venaient pas assurer la relève en les poussant à l’intérieur, au chaud.
Bien qu’en théorie, elles soient ainsi capables de surmonter seules des pointes de -15° à -20°, on ne peut s’empêcher d’avoir un peu d’inquiétude quand le froid s’installe aussi longtemps, mais, maintenant, il n’y a plus grand chose à faire.
Quand la terre a commencé à geler, j’ai remis les trappes de comptage pour limiter les courants d’air par les planchers aérés et je les enlèverai dès le dégel. Certaines années, je ne l’ai pas fait et elles ont survécu. Je ne sais pas ce qui est le mieux : les avis divergent sur ce point.
Comme souvent en apiculture, le plus important est ce que l’on a fait en amont de cette période :
- Bien choisir l’emplacement et l’orientation du rucher pour protéger les ruches de la bise.
- Mettre une couche isolante sous le toit des ruches.
- Contrôler les réserves par des pesées (voir articles n°3 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-3-vous-pesez-les-abeilles-44509996.html )
- Hiverner des colonies populeuses car plus les abeilles sont nombreuses moins souvent elles prennent la relève en périphérie, plus elles chauffent facilement l’intérieur de la grappe et moins elles consomment.
Sur ce dernier point, on est un peu moins affirmatif sur le regroupement systématique de petites colonies en automne comme cela est conseillé :
- Nous avons déjà fait passer l’hiver à de petits essaims (en les nourrissant) qui ont ensuite donné de belles récoltes.
- Il est aussi souvent dit que « deux colonies faibles ne font pas une colonie forte ».
Aussi nous procédons un peu à « l’inspiration », au cas par cas, en observant particulièrement la qualité du couvain.
Il me semble qu’un autre moyen pour renforcer les populations est le nourrissement en fin d’été.
Ainsi, après la dernière récolte nous avons nourri les ruches de la Huberdière mais pas celles de la vallée de la Dême où elles sont toujours plus lourdes à l’entrée de l’hiver.
Lors du traitement hivernal à l’acide oxalique nous avons constaté que les colonies de la Huberdière occupaient, en moyenne, 1 à 2 inter-cadres de plus que celles de la vallée de la Dême bien qu’à la Huberdière elles aient plus de varroas (voir article n° 38 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-38-comptage-varroas-hiver-2011-2012-96163665.html )
Mais est-ce bien nécessaire que les colonies soient très fortes ? On comptera les points à la prochaine visite de printemps.
Quand le froid est là, je me contente d’aller balayer la neige des planches d’envol pour dégager les entrées et surtout sans déranger les abeilles.
Le petit coup sur la ruche pour provoquer et écouter le bruissement des abeilles n’a aucun intérêt : il les stresse et provoque par réflexe un besoin de nourriture.
Les abeilles font partie des rares hyménoptères de la famille des apoïdes à passer l’hiver en colonie, sans hiberner : elles sont toujours actives. Ce n’est pas le cas des guêpes et des frelons dont toutes les ouvrières et tous les mâles meurent en fin d’automne. Seules les jeunes fondatrices se cachent individuellement à l’entrée de l’hiver dans des endroits protégés du froid ou s’enterrent pour rentrer en hibernation complète jusqu’au printemps.
Alors avec ce grand froid qui sévit, on espère que cela va freiner la progression du frelon asiatique en Touraine, … pour cette année.
En attendant, nous en profitons pour faire de belles balades en forêt et, pour une fois, nous allons nous montrer en photo, sans la tenue d’apiculteur, mais bien couverts quand même :
Merci de votre attention, et … à bientôt sur :
http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com
Henri
(Remerciements et Bibliographie : voir l’article n° 0 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-0-remerciements-et-bibliographie-43600752.html )