10 octobre 2011
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L’automne a commencé par de très belles journées que l’été ne nous a pas offertes.
Avec du soleil et de la chaleur on pourrait s’attendre à une grande activité de nos avettes, surtout qu’avec les quelques pluies d’août, il y a encore de belles fleurs à butiner comme ce petit trèfle blanc :

Pourtant au rucher, c’est souvent calme :

Il fait sec et nous sommes en pleine préparation d’hivernage des colonies : les abeilles d’été meurent et les abeilles d’hiver, qui commencent à naître, sont trop jeunes pour aller butiner.
C’est l’occasion de répondre à la question qui nous est souvent posée :
« Combien de temps vit une abeille ? »
Eh bien, ce temps de vie n’est pas le même pour toutes. Pour faire simple et vous donner un ordre de grandeur, disons que :
- Les ouvrières naissant au printemps et au début de l’été vivent de l’ordre d’un à deux mois.
- Les ouvrières naissant à l’automne vivent de l’ordre de 6 mois et sont physiologiquement différentes avec un corps gras plus développé.
- La reine peut vivre jusqu’à 5 ans et exceptionnellement plus, mais cette durée de vie serait en diminution.
- Les mâles (voir article n° 11 : http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-11-mais-a-quoi-servent-donc-les-males-49414003.html ) vivent de un à deux mois.
Si au printemps et au début de l’été une colonie peut compter de l’ordre de 60.000 abeilles avec un taux de renouvellement rapide (la reine peut alors pondre jusqu’à 2.000 œufs par jour), en hiver il ne reste qu’environ 10.000 abeilles avec un renouvellement très faible (la ponte de la reine ralentit fortement pouvant s’arrêter complètement de courant décembre à début janvier suivant les températures extérieures.
La bonne santé de ces abeilles d’hiver est donc primordiale pour la survie de la colonie. Il nous faut donc les aider à lutter contre les varroas (voir article n° 20 : http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-20-varroa-destructor-57711356.html ) qui leur sucent l’hémolymphe (= le sang des insectes) et favorisent la transmission de certains virus comme celui des ailes déformées qui a atteint cette jeune abeille :

L’espérance de vie de cette abeille est nulle et elle sera rejetée de la ruche comme toutes les abeilles malades ou mourantes. Une abeille saine, mourant naturellement, essaiera de s’éloigner elle-même de la ruche s’il ne fait pas trop froid. Sinon son cadavre sera évacué par les nettoyeuses au premier radoucissement.
Personnellement, pour lutter contre le varroa, je continue de préférer, par principe, un produit à base de thymol à un produit à base d’amitraze. Ainsi, après la dernière récolte de miel d’été faite cette année fin juillet, j’ai mis deux barquettes d’APIGUARD espacées de 15 jours.

À ce sujet, j’ai appris par la revue « Abeilles et Cie » de juillet-août 2011 que l’association des apiculteurs slovènes (7.300 apiculteurs) avait aussi choisi ce produit, associé à un traitement d’hiver à l’acide oxalique. Les membres du CARI, qui édite cette revue en Belgique, appliquent aussi un traitement au thymol en été et un à l’acide oxalique en hiver.
La revue « L’Abeille de France » n° 983 de septembre 2011 rapporte une étude des apiculteurs du Jura suisse (5.023 colonies étudiées). Ils utilisent le thymol (APIGUARD, APILIFEVAR, THYMOVAR) ou l’acide formique en été, puis, pour 80% d’entre eux, l’acide oxalique en hiver.
En effet, avec les comptages de varroas que je fais en hiver, il m’est apparu qu’un traitement complémentaire hors couvain était nécessaire. C’est d’ailleurs, ce que m’avait recommandé un animateur du rucher-école respectueux de mon choix de ne pas vouloir utiliser de lanières à l’amitraze alors qu’elles sont toujours largement préconisées en France.
Ceci dit, le thymol n’est pas une panacée non plus : son efficacité est moindre et dépend des températures extérieures, il s’imprègne aussi dans les cires et des résistances seraient aussi apparues.
Certains apiculteurs professionnels « bio » préfèrent d’ailleurs n’utiliser que des acides (formique et/ou oxalique) bien que le thymol soit autorisé en apiculture biologique (mais pas l’amitraze).
Pour revenir à notre petit trèfle blanc :

Voilà une bonne façon d’agrémenter utilement vos pelouses. Vous offrirez ainsi un excellent nectar à toutes les abeilles à condition de faire attention en passant la tondeuse. Les butineuses sont complètement absorbées par leur tâche et ne s’éloignent pas au bruit de l’engin.
(Attention aussi aux piqûres pour les jeunes enfants jouant dans la pelouse ou ceux qui marchent pieds nus (ou en nu-pieds : n’est-ce pas Olivier !))
C’est aussi sur ce trèfle que je les ai le plus facilement photographiées :

Tiens, d’un coup, une grande effervescence à la ruche n° 10 :

En vidéo :
Ce ne sont pas des butineuses qui reviennent du trèfle, c’est un «soleil d’artifice» (voir article n°8 : http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-8-le-soleil-d-artifice-ou-comment-les-abeilles-retrouvent-leur-ruche-47368860.html ) de jeunes abeilles qui font leur vol de reconnaissance : ma «Ferrari», après avoir essaimé, a réussi la relève de la reine et élève ses abeilles d’hiver : le printemps prochain se prépare déjà.
Merci de votre attention, et … à bientôt sur :
Henri
(Remerciements et Bibliographie : voir l’article n° 0 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-0-remerciements-et-bibliographie-43600752.html)