Nous sommes maintenant au cœur de l’automne avec ses couleurs et le retour du froid et de l’humidité.
Mais souvenez-vous des belles journées chaudes et ensoleillées du début octobre.
Elles étaient les bienvenues pour nos abeilles, qui ont ainsi pu profiter de la floraison du lierre, et pour nous, qui avons pu faire la deuxième grande visite de l’année.
À l’entrée de l’hiver, le lierre est un excellent fournisseur de pollen et de nectar.
Comme il y en a en abondance dans la forêt avoisinante, c’est une aubaine pour nos avettes et leurs réserves hivernales.
Le lierre donne, paraît-il, un très bon miel mais à cette époque de l’année nous n’essayons pas d’en récolter pour le laisser en totalité à nos petites protégées : c’est trop bon pour leur santé.
La floraison du lierre est un moment idéal pour observer la diversité des insectes.
Il y a une ambiance particulière : on dirait qu’ils ont fait la paix pour venir butiner ensemble sereinement.
A côté de nos abeilles, on voit notre frelon européen « vespa crabro » tout aussi affairé sur les fleurs.
Même s’il nous mange une abeille de temps en temps, avec son régime alimentaire varié, on le trouve de plus en plus sympathique depuis que le frelon asiatique « vespa velutina nigrithorax » est arrivé en Touraine (2 signalements en 2009, déjà plus de 10 en 2010, pour l’instant encore uniquement au sud de la Loire).
Quel plaisir d’observer aussi des abeilles sauvages :
Il s’agit d’une abeille du lierre « colletes hederae » qui fait l’objet d’une enquête européenne.
Voir à son sujet :
http://homepages.ulb.ac.be/~nvereeck/ColleteshederaeFR.html
(C’est eux qui m’ont confirmé que j’avais bien pris en photo une abeille du lierre et ils vont l’intégrer dans leur base de données)
http://www.bwars.com/Colletes_hederae.htm
http://www.apiservices.com/rfa/articles/abeille_lierre.htm
et en vidéo :
Et lui? … Je croyais que c’était un papillon de nuit !
Par contre celui-là semble bien profiter des rayons du soleil :
Maintenant : au travail ! Il faut mettre les ruches en position d’hivernage et contrôler leur état sanitaire.
On commence par enlever les barquettes ayant servi au soin contre le varroa.
Mais, contrairement à la visite de printemps, on ne gratte pas le dessus des cadres pour laisser les constructions en propolis servant à limiter les courants d’air dans la ruche.
Puis on procède à une visite complète afin de vérifier qu’elles sont en état pour un bon hivernage.
Il y a encore du couvain et que du couvain d’ouvrières : la reine est donc toujours bien en vie même si sa ponte va aller en diminuant pour s’arrêter complètement (ou presque) en décembre.
Les réserves sont bonnes (on le savait déjà grâce aux pesées arrières effectuées fin septembre).
En fait, on cherche surtout à pister les signes de maladie, de présence anormale de fausses teignes, d’orphelinage ou de ruche bourdonneuse, car dans ces cas il faudrait les éliminer rapidement pour ne pas laisser un foyer d’infestation dans le rucher.
On ne doit hiverner que des colonies fortes et en bonne santé.
Pour anticiper la visite de printemps, on procède aux derniers mouvements de cadres pour mettre en rive les vieux cadres à éliminer.
On enlève aussi les cadres inoccupés pour resserrer l’espace disponible.
Ainsi, par exemple, sur cette ruche :
Le cadre 10 étant non bâti et inoccupé, je l’enlève et le remplace par une cloison isolante.
Le cadre 1 est d’abord retiré pour décaler les cadres de droite à gauche (les cadres 2 à 9 vont être mis en 1 à 8 en gardant leur ordre), puis le cadre anciennement 1 est remis en 9.
Ainsi au printemps je pourrai facilement enlever les cadres 1 et 9 que les abeilles auront vidés et délaissés durant l’hiver. Je continuerai le décalage de droite à gauche pour toujours pousser les plus vieux cadres vers la sortie et je compléterai les emplacements 8, 9 et 10 par des cadres neufs.
Sur les ruches où je n’ai pas attendu l’automne pour ces mouvements de mise en rive des vieux cadres, les cadres neufs ont été mieux bâtis et mieux utilisés par les abeilles, je pense donc faire cette opération à l’avenir plus tôt, quand les abeilles sont encore cirières.
Le renouvellement des cadres de corps est un élément important de prophylaxie des maladies bactériennes (loque européenne, loque américaine).
N’étant pas totalement satisfait de ma méthode (Marie-France a bien du mal à l’intégrer), je suis preneur de toutes bonnes idées de la part d’autres apiculteurs de passage sur le blog : comment font-ils pour changer au moins deux cadres par an (et de préférence 3 ou 4) sans enlever de cadres de couvain et sans que ce soient toujours les mêmes ?
Et dans tout ça, comme toujours, il faut faire vite (… et bien) pour déranger le moins possible les abeilles et les laisser profiter des dernières fleurs :
Pensez à faire pousser du lierre sur vos grillages et vos vieux murs, laissez le lierre grimper aux arbres (un forestier m’a dit que cela n’impactait pas la croissance des arbres), vous rendrez un grand service à tous les insectes butineurs (donc pollinisateurs) et vous aurez un magnifique champ d’observation.
Merci de votre attention et …
… à bientôt sur http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com
Henri
(Remerciements et Bibliographie : voir l’article n° 0 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-0-remerciements-et-bibliographie-43600752.html )