Ces papillons paraissent bien inoffensifs, et ils le sont effectivement quand ils ont atteint pour quelques jours ce stade de papillon adulte :
Ils ressemblent à de grosses mites, de leur vrai nom Galleria mellonella pour la grande fausse teigne ou Achroia grisella pour la petite fausse teigne.
Ils ont la particularité d’aimer pondre dans les ruches où leurs œufs vont trouver la chaleur nécessaire à leur développement et leurs larves de quoi satisfaire leur féroce appétit (pollen, miel, cire).
En creusant des galeries dans la cire, elles détruisent le couvain et peuvent même s’attaquer au bois des cadres, voire de la ruche.
Facile à élever, la larve de Galleria mellonella est vendue comme appât pour la pêche à la truite.
On peut imaginer qu’accrochée à l’hameçon elle soit bien remuante au bout de la ligne :
Elle serait capable de parcourir plus de 50 mètres pour rejoindre une autre ruche.
C’est pourquoi il vaut mieux débarrasser les matériels infestés.
Voilà ce qu’elles peuvent faire dans une ruchette-piège laissée trop longtemps sans qu’un essaim y soit rentré :
On pourrait donc craindre pour nos abeilles devant ce désastre, mais, dans nos régions à hiver froid, la fausse teigne n’est pas un vrai problème pour les colonies populeuses et en bonne santé.
Les abeilles ne vont pas se laisser envahir par cette intruse et nettoieront tout œuf pondu par le papillon (des centaines).
Par contre, une colonie affaiblie, ou pas assez populeuse pour occuper et nettoyer tous ses cadres, pourra subir des dommages supplémentaires.
La présence de teigne est d’ailleurs un indicateur qui met en alerte l’apiculteur sur la santé de sa ruche.
Un vrai problème posé par la fausse teigne concerne surtout les cadres des hausses que l'apiculteur doit ranger après la dernière récolte en attendant le prochain printemps.
A notre premier hivernage de hausses, je les avais entassées à la cave en pensant qu’il n’y avait pas d’espace pour qu’un insecte puisse s’insérer dedans.
Placées dans le noir, au chaud (près de la chaudière), et sans aération : c’était le cas d’école à ne pas faire.
Donc le résultat fut une destruction de nombreux cadres et une bonne leçon.
Maintenant, comme la plupart des apiculteurs, après avoir fait lécher les hausses par les abeilles, je constitue des piles posées sur un support grillagé avec un couvercle, grillagé aussi, pour provoquer un courant d’air comme dans une cheminée.
(À la place du grillage type « garde-manger », des grilles à reine sont, paraît-il, suffisantes.)
Lors d’une visite à l’écomusée d’Alsace j’avais appris que les anciens conservaient leurs légumes dans des feuilles de noyer séchées pour éloigner insectes et vers.
Depuis, c’est ce que nous faisons par exemple avec les carottes à la cave et ça marche bien.
Du coup, avec Jacky qui se souvenait avoir vu de vieux apiculteurs le faire, nous nous sommes mis à intercaler quelques feuilles de noyer entre les cadres des hausses pour les protéger des fausses teignes :
En procédant ainsi, j’ai toujours retrouvé mes hausses en parfait état pour la saison suivante.
Maintenant soyons réalistes : je ne suis pas sûr qu’il soit nécessaire de mettre des feuilles de noyer si les hausses sont stockées dans de bonnes conditions (aération, lumière, froid) (*) et je ne suis pas sûr, non plus, que cela soit suffisant pour protéger complètement des hausses stockées dans de mauvaises conditions.
Mais cela a un très bon effet placebo sur l’apiculteur qui, pensant avoir fait quelque chose pour ses hausses, peut dormir tranquille.
C’est plus écolo que les boules d’antimite (paradichlorobenzène : soupçonné d’être cancérigène, s’imprégnant dans les cires, totalement déconseillé et même interdit suivant les chartes de qualité et les pays).
C’est aussi moins coûteux que le bacillus thuringiensis qui a été utilisé en pulvérisation sur les cires pour les protéger des chenilles, mais ce produit commercialisé sous le nom de B401 n'est plus autorisé à la vente en France.
Le bacillus thuringiensis est le fameux BT dont on a extrait un gène pour créer des plantes génétiquement modifiées comme les maïs BT, cotons BT, sojas BT,…, qui vont sécréter la toxine sensée les protéger des chenilles.
Voir à ce sujet :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AFs_Bt
http://www.mdrgf.org/6.somOGM.html
Une autre façon de procéder serait de constituer des piles de hausses hermétiques et d’y faire brûler deux mèches de soufre à 15 jours d'intervalle (de préférence sans mettre le feu à l’ensemble !).
Pour être parfait aux yeux des services sanitaires, il faudrait aussi que le local de stockage soit dératisé.
Ils doivent craindre qu’une souris monte en haut de la pile exprès pour faire pipi sur les cadres et qu’elle transmette ainsi la leptospirose.
Comme il est difficile de concilier aération, dératisation et produits naturels, nous avons notre gardien de nuit à la grange : Caramel.
Et on voit comment ce travail l’épuise, car ensuite il a bien besoin de repos.
Merci de votre attention et …
… à bientôt sur http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com
Henri
(Remerciements et Bibliographie : voir l’article n° 0 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-0-remerciements-et-bibliographie-43600752.html )
(*) P.S. : Pour vérifier qu'il peut ne pas être nécessaire de mettre des feuilles de noyer quand les hausses sont stockées dans de bonnes conditions, je n'en ai pas mis pour cet hiver 2011/2012 : à suivre...
... suite : Effectivement, les hausses se sont bien conservées aussi sans les feuilles de noyer.