Vous commencez à bien connaître nos petites protégées. Aussi, aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de ma grosse préférée : l’abeille charpentière.
Noire, au vol bruyant, elle est impressionnante.
Notre jeune cadre dynamique et citadin est prêt à plonger sous la table dès qu’elle passe près de nous.
Pourtant, comme toutes les abeilles au butinage, elle n’est pas agressive.
C’est en venant habiter en bordure de la forêt de Beaumont la Ronce que j’ai appris à la connaître.
Quelle émotion d’observer cette abeille sauvage qui vient profiter des fleurs du jardin comme ce pavot (… uniquement ornemental !) :
Quand les pois de senteur fleurissent, elles sont plusieurs à les butiner en permanence alors que nos abeilles mellifères les dédaignent :
On a ainsi un bel exemple de la nécessité d’une variété d’insectes pollinisateurs pour sauvegarder la biodiversité végétale.
Cette grosse abeille solitaire doit son nom : « xylocope » ou « abeille charpentière » au fait qu’elle fait des galeries dans le bois pour pondre et créer des cellules pour ses progénitures.
Ainsi au jardin, en plus des fleurs, elle profite du bûcher où l'on peut voir des trous dans les bûches stockées :
En sciant cette bûche dans sa longueur on découvre la galerie creusée avec la trace des cellules (ici 4) qu’un xylocope avait dû y aménager.
Bien que le premier œuf pondu soit celui du fond, c’est celui le plus près de la sortie qui naîtra en premier pour libérer l’issue pour le suivant et ainsi de suite.
C’est merveilleux, mais cela semble si fragile face aux menaces que subissent les abeilles, que je suis très ému lorsque je vois ma grosse préférée réapparaître au printemps, heureux mais déjà inquiet pour l’année suivante.
Fragile et pacifique : quoique ? Comme on le voit à la fin de la vidéo, entre elles, elles ne se font pas de cadeau et sont du genre « pousse-toi de là que je m’y mette ».
Écoutez aussi le bruit caractéristique de son vol.
C’est une abeille et elle possède donc bien un dard qu’elle doit savoir utiliser :
(abeille morte trouvée dans le pluviomètre, probablement suite à une bagarre avec un congénère)
Aussi vaut-il mieux ne pas chercher à jouer avec elle ni à l’attraper.
Contentons-nous de l’observer :
Pour plus d’information, vous trouverez sur Internet de nombreux sites sur le xylocope comme celui-ci :
http://www.insectes-net.fr/xylocope/xylocop2.htm
http://www.insectes-net.fr/xylocope/xylocop3.htm
Merci de votre attention et …
… à bientôt sur http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com
Henri
(Remerciements et Bibliographie : voir l’article n° 0 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-0-remerciements-et-bibliographie-43600752.html )
P.S. : Depuis la parution de cet article, plusieurs lecteurs sont arrivés ici alors qu’ils cherchaient, eux, des moyens de se débarrasser de cet insecte.
Leur approche est donc moins romantique que la mienne mais provoquée par des dégâts non négligeables que pourrait faire subir l’abeille charpentière à toutes sortes de constructions en bois.
Voici, par exemple, la mésaventure de Robert G. sur son bateau:
"Il y a 3 ans.
Beau temps, tranquillement assis à bord, au port, je reçois depuis quelque temps une visite régulière d’une espèce de gros frelon. Gentil comme tout et curieux avec ça, se mettant devant ma figure pour me regarder. Bienvenue, l’ami. Au même titre que les mouches maçonnes, qui viennent fabriquer leurs nids et y pondre, mais collent et ne creusent pas.
Quelques mois plus tard, je découvre de la sciure à un endroit où je ne me rappelais pas avoir pas scié. Je ramasse. Un peu plus tard, rebelote. Je balaie, j’attends, et cela recommence.
Je fouille et trouve des trous dans des endroits. Inquiet, j’ai recours à ma seringue médicale et le xylophène et après plusieurs « tirs », voilà une bestiole qui sort en trébuchant d’un des trous.
Je l’achève à l’aiguille et l’observe. Jamais vu.
Sur Radio Bleu Provence j’entendais, un peu plus tard, un passionné parler des xylocopes et j’ai fait le lien. Des recherches sur internet ont relevé que ma victime était bien une abeille charpentière. J’en ai tué 4 à l’époque.
Fouillant différentes sources d’information, j’ai appris des choses sur l’animal, dont le plus inquiétant me semblait qu’elle se comporte comme un saumon ou une aiguille, revenant à son lieu de naissance pour recommencer le cycle. En général, les sources indiquent que cette abeille s’attaque de préférence/uniquement au bois tendre/pourri/humide, bien que certaines disent qu’elles s’attaquent aussi aux bois sains et durs.
Avec ces belles connaissances, j’ai été obligé de traiter une grande partie de mon bateau (13 m) de xylophène et de remplacer les parties abimées par mes amies. Ce que j’ai découvert à la dépose des pièces était terrible. Du bois creusé comme une éponge. Mais, après cela, plus de soucis, n’est-ce-pas ?
Eté, l’an passé, partis des Embiez, nous faisions route direction Italie et nous voilà en compagnie d’une abeille en pleine mer. L’ayant guettée, on a vu qu’elle tournait autour d’une pièce de bois bien précise : Le manche d’une gaffe en hêtre, parfaitement sain. A l’inspection, elle avait démarré l’amorce de 3 trous, dont un déjà traversait la pièce. Tout traité à nouveau au xylophène.
Cette abeille a abandonné le navire à Ventimiglia, frontière Italienne, car elle ne devrait pas avoir sa carte d’identité pour passer la frontière.
Ouf ! et voilà que cet automne, que cela recommence. Si j’avais enrégistré l’endroit au GPS, je suis certain qu’à quelques décimètres près, elles ont recommencé exactement à l’endroit où j’avais trouvé les gros malheurs trois ans auparavant. De surcroît, en automne (je les pensais tranquillement en hibernation), et dans un bois parfaitement sec, sain et DUR !
Cette petite expérience, qui m’exaspère, confirme deux choses : elles reviennent à leur lieu de naissance et donc elles s’attaquent au bois parfaitement sain et dur n’ayant pas d’alternative à cet endroit.
J’espère qu’elles n’attaquent pas la tête des mâts, car à cet endroit je ne les verrai pas.
Dans le cas où vous désiriez publier ce vécu sur votre blog (désolé, c’est négatif à l’égard de ces insectes), vous pouvez y aller.
Bien à vous
Robert G."
Et voici la suite de ses recherches et les liens qu’il nous propose :
"Voici 3 liens faire des montages de pièges pour abeilles charpentières, bien semblables et simples à faire et c’est ce que je ferai aussi.
Une fois les abeilles dans la bouteille, je ne sais pas ce que les gens font avec. Les transporter ailleurs ? Les éliminer ? Elles sont réputées excellentes butineuses.
Peut-être les proposer aux Chinois pour grillades ?
J’ai vu aussi que pour déloger une abeille qui demeure dans le trou, on peut la chatouiller, faire du bruit ou injecter un peu d’eau savonneuse. La dernière méthode la fait sortir mais ne l’abîme pas et en plus elle sera propre.
Une fois la mère délogée, les gens appliquent des insecticides pour tuer les larves et enfin, ils obstruent les entrées. Certains préconisent pour cela un peu de laine d’acier, car l’abeille n’y pourra rien. Pour ma part, comme les trous font 10 mm, je ferai rentrer des petits bouts de tige fileté inox de 10mm que j’ai encore quelque part.
http://www.youtube.com/watch?
http://www.youtube.com/watch?
http://www.youtube.com/watch?
Je pense que les Américains se font des soucis au sujet des xylocopes par ce qu’ils ont beaucoup de maisons en bois.
Pour vos autres questions :
Non, aucune trace de capricorne ou similaire. Et mes amies sont absolument des abeilles charpentières, car comme j’en ai tuées, j’ai pu les regarder de très près.
Pour ce qui est des cellules, oui, lorsque j’ai démonté les pièces abimées au début de l’année, il y avait des galeries impressionnantes, mais je n’ai pas vu s’il y avait différentes cellules, car j’ignorais encore l’existence de ce détail..
Pour ce qui se passe actuellement, il est impossible de sonder autrement qu’en ligne droite et je n’ai pas du tout l’intention de déposer la pièce attaquée.
On va voir ce que donnera le piège et que faire d’éventuelles prisonnières, car je suis maintenant convaincu qu’elles reviennent systématiquement au même endroit. Cet endroit n’est pas mon bateau, mes un lieu dans l’espace qu’elles retiennent. ( XX ° YY ‘Nord, AA° BB’ Est, en occurrence une partie de mon bateau ). Ou le plus près possible pour trouver du bois.
Voilà de quoi alimenter votre blog et les discussions.
Meilleures salutations
Robert G."