Mi-juin, après les acacias, c’est maintenant au tour des ronces et des châtaigniers de la forêt de proposer leurs floraisons à nos abeilles.
Mais le manque de chaleur et de soleil n'est pas favorable à la prochaine récolte de miel de forêt.
La vague des essaims de mai est passée, il est temps de faire un état des lieux et de prendre des décisions.
On va éviter de visiter systématiquement toutes les ruches : chaque visite est un facteur de stress très important pour une colonie qui mettra 24 heures à se réorganiser (donc une journée de travail perdue) et peut occasionner des accidents comme l’écrasement de la reine par exemple lors de la manipulation des cadres.
En dehors des signes de maladie éventuelle (aucun en ce moment), nous cherchons surtout à détecter les ruches orphelines (= sans reine).
Alors nous commençons surtout par observer l’activité sur la planche d’envol et sous le toit (à travers le plastique). :
- est-ce que les butineuses sortent bien comme des flèches pour aller travailler ou est-ce que ça « glande » sur la planche ?
- est-ce qu’elles rentrent bien de belles grosses pelotes de pollen ?
- est-ce qu’elles sont bien présentes et actives dans la hausse ?
- est-ce qu’elles sont paisibles, bien occupées au butinage, ou sont-elles facilement agressives ?
- est-ce qu’il y a une proportion anormale de mâles ?
Nous visitons alors celles qui nous inquiètent pour confirmer notre crainte : il n’y a plus de couvain (ouvert (œufs et larves) ou fermé (nymphes en cours de métamorphose)).
(Sur ce cadre il reste juste quelques cellules de mâles à éclore en périphérie de ce qui était le nid à couvain.)
Mais l’absence de couvain ne signifie pas obligatoirement que la ruche est orpheline : après les essaimages, il faut le temps à la dernière jeune reine d’être fécondée puis de pondre (2 à 5 jours après la fécondation).
Dans ce cas il est conseillé d’attendre 15 jours à 3 semaines avant de prendre une décision.
Par contre, s’il n’y a plus de couvain d’ouvrières mais qu’il y a des cellules de couvain de mâles disséminées sur les cadres :
c’est que la ruche est non seulement orpheline mais qu’elle est devenue « bourdonneuse » : des ouvrières (non fécondées) se sont mises à pondre ce qui ne donne que des mâles. La colonie est condamnée à disparaître.
Pour que les ouvrières d’une colonie orpheline soient utiles à quelque chose, nous allons la fusionner avec une autre colonie (un essaim récemment attrapé ou une colonie affaiblie par plusieurs essaimages).
On commence par les mettre côte à côte :
ou l’une sur l’autre :
Pour ces déplacements on tient compte du fait que l’on ne déplace une ruche que de moins de 50cm à la fois ou de plus de 5 km.
Après avoir laissé le temps aux abeilles déplacées de régler leur GPS (quelques jours), on va procéder à la dispersion de la colonie orpheline à une trentaine de mètres de là.
Pour cela on enfume bien les deux colonies : la colonie réceptrice ne sera plus en position pour interdire son accès et les ouvrières de la colonie dispersée vont se gorger de miel et seront ainsi plus facilement acceptées.
On secoue les cadres de la colonie orpheline et on vide la ruche de tous ses occupants.
Toutes les abeilles qui peuvent voler vont rejoindre l’emplacement où il ne reste qu’une ruche dans laquelle elles vont s’inviter.
Les éventuelles abeilles-pondeuses resteront sur place et finiront par disparaître ou par être mangées par des oiseaux.
On procède ainsi à une « fusion par dispersion » pour éviter que les abeilles pondeuses tuent la reine de la ruche réceptrice.
Cette année il nous est déjà arrivé deux gags au moment de réaliser la fusion :
- dans un cas, la colonie prévue à disperser avait une magnifique plaque de couvain (on avait bien fait d’attendre plus de quatre semaines)
- dans l’autre cas, l’essaim prévu pour recevoir les orphelines n’avait pas du tout de couvain et était lui aussi orphelin. Cueilli très facilement sur la place d’un village voisin, au moins il ne nous a pas fait perdre trop de temps inutilement. Était-ce un essaim primaire avec une vieille reine qui n’a pas pu reprendre sa ponte ?
Les causes de l’orphelinage d’une ruche sont a priori naturelles. Il suffit par exemple que la jeune reine se fasse manger par un oiseau lors de son vol nuptial.
Cette année on craint aussi les conséquences du froid qui est revenu après les premiers essaimages : il a pu empêcher les jeunes reines d’effectuer leur vol nuptial (une jeune reine doit être fécondée entre le 5ième et le 15ième jour après sa naissance). On ne voyait plus les mâles sortir. C’est bien connu : le bal n’intéresse pas les garçons s’il n’y a pas de jeunes filles à draguer et pas de buvette, autant rester au chaud à se faire nourrir par ses sœurs.
Nous, qui avons commencé l’apiculture récemment, sommes habitués à avoir des orphelinages chaque année après les essaimages.
Mais les anciens apiculteurs nous disent qu’il y en a de plus en plus, ce qui peut révéler d’autres problèmes :
- diminution de la longévité des reines,
- problème de fertilité des reines,
- problème de stérilité des mâles,
- problème de désorientation des jeunes reines qui ne retrouvent pas leur ruche au retour du vol nuptial.
Et cela fait penser à d’autres causes moins « naturelles » et plus en lien avec l’évolution de notre environnement. C’est plus inquiétant.
Pour l’instant, il est encore possible de déguster du bon miel comme celui de printemps qui est maintenant disponible :
Merci de votre attention et …
… à bientôt sur http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com
Henri
(Remerciements et Bibliographie : voir l’article n° 0 http://miel-et-abeilles-en-touraine.over-blog.com/article-0-remerciements-et-bibliographie-43600752.html )